Lundi 7 juillet 2014
Paris
D’après les médias, la défaite de la Belgique et de la France à la coupe du monde de football au Brésil a provoqué une ruée vers les réservations de vacances de dernière minute: les équipes toujours en lice pour la coupe du monde ne comptent plus une fois que son équipe ne joue plus. Ainsi, la perte d’un match peut nuire à la croissance économique : elle pèse sur le moral des consommateurs, les ventes de tous les objets promotionnels liés à cet événement accusent une baisse et la balance commerciale se détériore parce que les gens partent en vacances.
Durant une réunion avec l’équipe de direction de notre département des ressources humaines, je présente les répercussions du contexte de marché sur le métier et les RH. La combinaison de taux d’intérêt structurellement bas, d’indicateurs du risque économique faibles et de valorisations élevées devrait inciter les investisseurs à s’orienter vers des stratégies gérées activement avec une « tracking error » supérieure: un alpha élevé (=une performance relative élevée) devra compenser les performances à faible bêta (=indice). Le phénomène « the winner takes it all » (le vainqueur remporte tout) en termes d’afflux de capitaux semble appeler à se répandre de plus en plus. D’un point de vue RH, la gestion des talents et la capacité à gérer la sous-performance devraient donc s’avérer plus importante que jamais. En effet, quand la « tracking error » est élevée, les changements soudains du thème de marché dominant sont susceptibles d’altérer considérablement la performance à court terme.
Mardi 8 juillet 2014
Londres
Je réponds à une interview de Reuters TV sur la complaisance des investisseurs. Il est vrai qu’ils font dans une certaine mesure preuve de complaisance face aux risques géopolitiques, mais les perspectives bénéficiaires justifient toujours de détenir des actifs risqués. Néanmoins, nous avons récemment neutralisé notre surpondération des actions, considérant que les investisseurs pèchent à présent par excès d’optimisme et qu’il n’y a aucun catalyseur à court terme susceptible de tirer encore les marchés vers le haut. Dans la soirée, j’arrive à mon hôtel dont le hall est rempli d’œuvres d’art. La première statue est celle d’un homme qui marche avec le drapeau belge sur le dos (souvenez-vous, c’est la coupe du monde). Il y en a une autre avec un drapeau néerlandais. La troisième statue représente un homme, en position horizontale en appui sur son coude et recouvert d’un drapeau brésilien. Un peu plus tard, je dîne dans le restaurant de l’hôtel. Sur Twitter, je constate que le match Brésil-Allemagne affiche 0-1. Une demi-heure plus tard, j’allume la tv dans ma chambre : 0-5. Je n’en crois pas mes yeux. La personne qui a mis le drapeau brésilien sur la statue dans le hall s’y connaît vraiment en football.
Mercredi 9 juillet 2014
Londres
Je suis invité à CNBC’s Squawkbox. Les sujets abordés sont très divers: les sondages à la sortie des bureaux de vote pour les élections présidentielles indonésiennes révèlent une légère avance de Joko Widodo. Les investisseurs en actions retiennent leur souffle car le marché a réalisé un beau parcours cette année en prévision d’une victoire de Widodo. Le CEO d’une société de logiciels informatiques a aussi été invité au studio. Son entreprise met au point un produit qui intègre le mode de fonctionnement des algorithmes des transactions à haute fréquence (high-frequency trading) dans les tests de résistance et les analyses de risque traditionnelles. Voilà de quoi réfléchir.
Jeudi 10 juillet 2014
Bruxelles
Lors de ma conversation téléphonique mensuelle avec les responsables d’équipe d’investissement, je ne peux m’empêcher de faire remarquer à mes collègues brésiliens que la défaite de leur équipe contre l’Allemagne n’est guère favorable à la confiance des consommateurs, déjà en perte de vitesse. Ces collègues sont pessimistes concernant l’économie, mais le marché d’actions est complètement concentré sur les élections présidentielles qui se tiendront en octobre. Notre gérant de portefeuille au Japon prévoit des changements dans l’allocation d’actifs des fonds de pension publics, voire privés, ainsi que des rachats de parts qui seront réinvestis en masse dans les actions. Notre responsable des actions chinoises souligne l’importance du lien entre les Bourses de Shanghai et Hong Kong, qui permettra aux investisseurs étrangers d’accéder aux actions A sans les contraindre à demander leur propre quota. Il est convaincu que ceci permettra de réveiller les consciences vu les valorisations généralement bon marché à la Bourse de Shanghai.
Vendredi 11 juillet 2014
Bruxelles
Durant ma conversation téléphonique mensuelle avec notre CIO Immobilier coté, ce dernier souligne l’attrait des rendements du dividende en Europe (près de 3,7%) comparativement aux actions en général, et clairement par rapport aux obligations (même si celles-ci sont moins risquées bien sûr). En Asie, l’immobilier japonais est intéressant, car le rapport entre l’offre et la demande dopera les revenus locatifs.
William De Vijlder
Vice – Chairman de BNP Paribas Investment Partners