Lundi 5 mai 2014 

Bruxelles / Paris

Dans un échange de courriels avec notre responsable de l’allocation d’actifs tactique, nous discutons des surprises sur les marchés depuis le début de l’année: l’euro n’a pas fléchi, les événements en Ukraine ont à peine perturbé les marchés, les investisseurs ont fui le Japon et les obligations ont enregistré une performance remarquable. Même une boule de cristal ne nous permettrait pas de prédire l’avenir avec certitude. 

Mardi 6 mai 2014 

Paris

Durant notre réunion hebdomadaire sur l’allocation d’actifs, notre analyste des résultats exprime son opinion. Il reste convaincu d’une accélération, clairement nécessaire, de la croissance des résultats. Les liens historiques entre la croissance du PIB ou les indices PMI et la croissance des résultats en Europe vont tous dans la même direction. Une stabilisation, voire un fléchissement, de l’euro serait également salutaire. 

Mercredi 7 mai 2014 

Paris

J’ai plusieurs conversations intéressantes avec nos gérants obligataires. Nos spécialistes des obligations d’entreprises soulignent que le rendement en euros des titres « investment grade » est à présent tombé à 1,6%, en raison d’une demande soutenue et d’un faible renouvellement de l’offre. Jusqu’où peuvent descendre les rendements ? Les obligations d’entreprises à haut rendement offrent actuellement environ 3,5%, en tenant compte des obligations remboursables. Par conséquent, le crédit est cher, mais le nombre de défaillances pourrait encore diminuer et la politique de la BCE est orientée vers l’assouplissement, de sorte que les investisseurs acceptent les valorisations.

Jeudi 8 mai 2014

Amsterdam

C’est la journée de la BCE! Comme d’habitude, j’essaie de suivre la conférence de presse de Mario Draghi en direct via la diffusion web. Le président de la BCE a très clairement fait connaître ses intentions politiques, s’arrêtant juste avant d’annoncer une décision qui ne serait prise qu’à la prochaine réunion du conseil des gouverneurs en juin. Points à retenir (le compte-rendu complet de la conférence de presse se trouve ici: http://www.ecb.europa.eu/press/pressconf/2014/html/is140508.en.html#qa):

  • « L’appréciation du taux de change dans un contexte de faible inflation représente une inquiétude sérieuse pour le Conseil des gouverneurs. »
  • « Comme je l’ai déjà déclaré, alors que la reprise se confirme dans certains parties de la zone euro, le Conseil des gouverneurs ne se résigne pas pour autant à accepter une période prolongée de faible inflation. »
  • « Par ailleurs, nous avons discuté du taux de change. Je peux dire à l’issue de cette discussion que le Conseil des gouverneurs ne voit pas d’inconvénient à intervenir la prochaine fois, mais nous voulons avant (tout) connaître les projections de nos équipes qui seront publiées début juin. »
  • « Il existe un consensus sur le fait que l’évolution prévisible de l’inflation n’est pas satisfaisante. Il y a donc un consensus pour ne pas s’y résigner et pour ne pas l’accepter comme une réalité incontournable de la nature… »
  •  « Aucune décision n’a été prise aujourd’hui. De ce point de vue, la discussion que nous avons eue aujourd’hui peut être considérée comme la préparation de la réunion du mois prochain. Mais il y a sans aucun doute un consensus ou une unanimité pour ne pas se résigner à accepter une période prolongée trop longue de faible inflation… »
  • « Le Conseil des gouverneurs affirme unanimement son engagement à recourir également à des instruments non conventionnels dans le cadre de son mandat afin de faire face efficacement aux risques d’une période trop longue de faible inflation. »
  • « Comme je l’ai répété plusieurs fois, le taux de change n’est pas un objectif monétaire, mais constitue une préoccupation majeure dans le cadre de notre objectif de stabilité des prix, et il faudra par conséquent y remédier. »
  • « C’est en réalité le taux de change qui contient l’inflation. Le taux de change, tant nominal que réel, s’est apprécié d’environ 10% entre mi-2012 et aujourd’hui. »

L’inconvénient d’une telle clarté est le risque de faire de trop belles promesses qui ne seront pas tenues, donc la réunion de juin permettra surtout de connaître le degré d’agressivité de la BCE au moyen des outils à sa disposition. Ce point est surtout important pour le taux de change de l’euro.

Vendredi 9 mai 2014 

Bruxelles

Je finalise une présentation que je donnerai à plusieurs reprises la semaine prochaine lors de réunions dans la région du Golfe. Elle concerne la divergence des politiques monétaires (normalisation aux États-Unis, poursuite de l’assouplissement dans la zone euro). Cette divergence crée des difficultés en termes de communication des banques centrales (la Fed doit éviter de faire des vagues et la BCE doit éviter de susciter des attentes trop élevées), d’allocation d’actifs (l’Europe devrait a priori être favorisée par rapport aux États-Unis) et de gestion des devises (quand la parité EUR/USD finira-t-elle par baisser?). Le mois de juin devrait apporter plus de clarté: la promesse de la BCE sera-t-elle tenue?

 

William De Vijlder

Vice – Chairman de BNP Paribas Investment Partners