Lundi 21 avril 2014
Lundi de Pâques
De retour d’une semaine de congé, je parcours la grande pile de journaux sur mon bureau. Je comprends que cette attitude pourrait refléter la crainte de manquer quelque chose, mais d’un autre côté l’actualité joue un rôle crucial dans notre métier. Un titre du Financial Times du 9 avril attire mon attention : « Selon le FMI, le risque de récession est quasi nul. » La plupart des lecteurs trouveraient cela une bonne nouvelle mais pour les investisseurs, lorsque le risque est faible, la prime de risque est basse et donc les rendements attendus aussi. Cette situation est surtout perceptible au niveau des spreads réduits entre les obligations d’entreprises et les obligations d’État, mais aussi dans les valorisations boursières aux Etats-Unis.
Mardi 22 avril 2014
Bruxelles
Je donne une présentation par conférence téléphonique aux spécialistes d’investissement de BNP Paribas Fortis sur les perspectives de marché. Synthèse : 1. Nous nous trouvons dans un monde à deux vitesses (les économies développées reprennent vigueur tandis que les marchés émergents sont confrontés à une croissance faible par rapport à leur moyenne historique). 2. La divergence entre les deux politiques monétaires (Fed vs BCE) s’accentue. 3. Les bonnes occasions (valorisations attrayantes) se font rares (actions européennes, actions émergentes et obligations émergentes). 4. La volatilité cyclique a augmenté. 5. Une gestion active est nécessaire pour doper les rendements. Dans ce contexte, les actifs risqués devraient tirer leur épingle du jeu, d’où notre surpondération des actions et des obligations à haut rendement.
Mercredi 23 avril 2014
Bruxelles
Invité régulier, je participe au débat en direct sur le Global Markets Forum de Reuters. L’excellente performance des marchés émergents est sur toutes les lèvres, mais je nuance en précisant que la performance des indices masque des différences considérables d’un pays à l’autre : ce n’est pas parce que l’acronyme sonne bien qu’il représente une bonne opportunité d’investissement. En réponse, le journaliste de Reuters écrit le tweet suivant : « Les marchés émergents peuvent-ils guérir de leur ‘acronymite’ ? »
Jeudi 24 avril 2014
Bruxelles
Je présente les perspectives de marché à l’assemblée annuelle de l’Association Belge des Institutions de Pension. Lors de la séance questions-réponses, une personne se demande si l’élargissement des bilans des banques centrales engendrera une forte poussée inflationniste. Je pense que l’inflation remontera, mais seulement progressivement. Les réserves excédentaires déposées auprès de la banque centrale sont pléthoriques et la transmission monétaire vers l’économie réelle n’a donc pas encore atteint son régime maximal. La pression concurrentielle reste énorme. Concernant les matières premières, les perspectives ne sont ni bonnes, ni mauvaises. Enfin, la politique monétaire non conventionnelle a eu un impact majeur sur les marchés d’actifs. Donc, oui. L’augmentation des bilans des banques centrales devrait se traduire par une inflation, mais une hausse des prix des actifs plutôt que des biens et services.
Vendredi 25 avril 2014
Utrecht
Je participe à la conférence « Grip op je vermogen », que l’on peut traduire par « Gardez la main sur votre patrimoine ». L’événement qui a duré toute la journée a attiré les foules. Le débat, animé, est centré sur cinq affirmations. Chaque personne dans le public, venu en masse, a reçu un carton vert et un carton rouge qu’elle pouvait utiliser pour exprimer son accord/désaccord avec l’affirmation. À la question de savoir si les Néerlandais étaient préparés pour un État providence moins généreux, la réponse était clairement « non ». Une conclusion peu réjouissante qui rappelle l’importance de gérer convenablement son patrimoine. Le modérateur posa la question suivante : « S’il ne fallait faire qu’une seule chose pour se préparer à tous ces défis, quelle serait-elle ? ». Je répondis : avoir une idée claire de ses engagements actuels et futurs. Gérer son patrimoine, c’est gérer ses actifs par rapport à ses engagements (dettes, dépenses futures). Il est donc crucial d’avoir un aperçu précis de son passif avant de se tourner vers les actifs.
William De Vijlder
Vice – Chairman de BNP Paribas Investment Partners