William De Vijlder

Directeur de la Recherche Economique du Groupe BNP Paribas

Marchés et investissements financiers

William De Vijlder analyse les relations entre les marchés (obligations, actions, matières premières, capitaux, devises…) et l’économie, le comportement des investisseurs et notamment leur appétit pour le risque en fonction des données économiques et du niveau d’incertitude.

William De Vijlder

Comprendre les anticipations ‘prématurées’ d’assouplissement monétaire

Comment expliquer les anticipations apparemment prématurées d’assouplissement monétaire ? Il se pourrait qu’elles traduisent des écarts de vues sur les perspectives économiques, mais la faible ampleur de ces écarts ne justifie pas les niveaux actuels des marchés. Le fait que les investisseurs gèrent de manière rationnelle leur exposition au risque pourrait être une autre explication. Ils savent que si les banques centrales créaient la surprise en adoptant une orientation accommodante, un rallye sur les marchés actions et obligataires s’ensuivrait. Ils savent également que si les banques centrales sont réticentes à adoucir dès à présent leur propos, elles peuvent jouer la surprise comme elles l’ont déjà fait par le passé. Plus on approche du pic cyclique des taux, plus il y a de chances que les banques centrales changent leur message. Or, les investisseurs ne peuvent se permettre d’attendre une telle annonce pour se repositionner, ce qui les conduit donc à anticiper les baisses de taux très en amont. Lorsque les banques centrales finiront par changer l’orientation de leur politique monétaire, les marchés auront ainsi déjà anticipé le mouvement. En attendant, si les indicateurs économiques se révélaient meilleurs que prévu, les anticipations de baisse des taux seraient réajustées, ce qui entraînerait une hausse de la volatilité sur les marchés.

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Bank of England

Royaume-Uni : « ruée sur les liquidités », effet de levier et nécessité de coordonner les politiques économiques

Au Royaume-Uni, les marchés financiers ont été récemment confrontés à une « ruée sur les liquidités » qui a amené les investisseurs à céder des actifs, y compris sûrs, comme les obligations d’État, pour obtenir des liquidités. Le catalyseur a été l’annonce d’une politique budgétaire expansionniste. Celle-ci pourrait obliger la Banque d’Angleterre à relever plus fortement les taux d’intérêt compte tenu de possibles conséquences inflationnistes. L’effet de levier et les appels de marge qui en ont découlé ont accéléré la hausse des rendements du Gilt. Cette situation montre la nécessité de coordonner les politiques économiques. En cas d’inflation élevée due à un choc d’offre, cela signifie un resserrement monétaire pour amorcer la désinflation, un soutien ciblé de la politique budgétaire à ceux qui souffrent le plus de l’inflation, et une politique macroprudentielle qui s’attaque aux conséquences de la volatilité du marché et à l’augmentation importante des rendements obligataires.

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Eurozone

Zone euro : comment quantifier un élargissement injustifié des spreads (2ème partie)

Un élargissement injustifié et prolongé des spreads souverains dans la zone euro entraînerait un durcissement excessif des conditions financières et pèserait sur l’activité et la demande. Un tel creusement irait à l’encontre des objectifs de la BCE dans le cadre de la normalisation de sa politique monétaire. Différentes variables fondamentales, directement ou indirectement liées aux questions de viabilité de la dette, influencent les écarts de taux. Or, elles ont tendance à évoluer lentement. Les spreads souverains dépendent également du niveau de l’aversion pour le risque, une variable très fluctuante influencée par des facteurs mondiaux. Tout cela complique l’évaluation du caractère justifié ou non de l’élargissement du spread observé.

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Eurozone

Zone euro : comment quantifier un élargissement injustifié des spreads

Ces dernières semaines, la perspective de plusieurs relèvements de taux par la BCE a provoqué une hausse des rendements des obligations d’État allemandes et de certains spreads souverains de la zone euro. Au-delà d’un certain point, l’augmentation des spreads ne se justifie pas. Dans ces circonstances, la banque centrale pourrait décider d’intervenir pour éviter que cela n’entrave la transmission de la politique monétaire. Or, il est difficile de déterminer quand une hausse de spread souverain est trop forte. Historiquement, la relation (bêta) entre le spread BTP-Bund et les rendements du Bund, calculée sur une fenêtre mobile de 20 semaines, fluctue beaucoup. Il est donc nécessaire de considérer une perspective plus longue. Avec des données remontant à 2013, le spread actuel est en ligne avec l’estimation basée sur le rendement actuel du Bund. D’autres variables économiques devraient venir compléter l’analyse. Cela montre toute la difficulté de la tâche de la BCE lorsqu’il est question de remédier à un élargissement injustifié des spreads.

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Stock markets

Est-ce que les marchés redoutent un retour de la stagflation ?

La guerre en Ukraine a fait s’envoler les prix des matières premières, ce qui pèsera sur la croissance du PIB. Sans surprise, l’idée d’un possible retour de la stagflation gagne du terrain comme en témoigne le nombre croissant de médias y faisant référence. La stagflation est un phénomène pluriannuel de forte inflation et de chômage élevé. Bien que l’inflation soit actuellement forte, les autres conditions ne sont pas réunies. Il est utile de suivre l’évolution des marchés financiers afin de déterminer si le risque de stagflation est en hausse, notamment en comparant l’évolution du point mort d’inflation et de l’écart de taux entre obligations d’entreprise à haut rendement et les obligations d’État. Aux États-Unis, toutes deux ont augmenté récemment mais il semble prématuré d’y voir le signe que les marchés anticipent déjà une augmentation du risque de stagflation. Après tout, ces évolutions sont très récentes et l’écart de rendement des obligations d’entreprise reste faible.

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spreads souverains

Zone euro : les spreads souverains hantés par les faits stylisés

Dans la zone euro, certains spreads souverains ont tendance à se creuser quand le rendement des obligations d’État allemandes augmente. Cette corrélation positive perdure tant qu’il y a suffisamment d’investisseurs pour penser que cette relation maintes fois observée dans le passé se poursuivra. L’écartement des spreads constaté ces dernières semaines l’a encore démontré. C’est un défi pour les gouvernements, car il entraîne une hausse des coûts d’emprunt, mais aussi pour la BCE, car cela affecte la transmission de la politique monétaire. C’est pour cela que la banque centrale insiste sur la flexibilité des réinvestissements au titre du PEPP.

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Retour du rendement du Bund à 10 ans en territoire positif : les raisons possibles

Pour la première fois depuis mai 2019, le rendement du Bund à 10 ans est récemment revenu en territoire positif. Trois facteurs expliquent cette évolution. Premièrement, l’habituel effet d’entraînement mondial des évolutions sur le marché américain des emprunts d’État où, à la suite du durcissement de ton de la Réserve fédérale, les rendements étaient sur une tendance haussière depuis début décembre 2021. Deuxièmement, les marchés intègrent l’arrêt du programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP) et la réduction (tapering) des achats d’actifs nets par la Banque centrale européenne. S’ajoute, enfin, la perspective d’un relèvement des taux directeurs par la BCE. Les marchés obligataires américain et allemand sont fortement corrélés depuis 2021. Ce facteur est important compte tenu du démarrage imminent d’un cycle de hausse des taux aux États-Unis et de son influence potentielle sur les rendements des Treasuries et, par conséquent, sur ceux de la zone euro.

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Marchés financiers

L’immunité (apparente) des marchés obligataires et boursiers face au risque inflationniste

Différents facteurs expliquent le comportement actuel des marchés face à la hausse de l’inflation. Tout d’abord, le haut niveau d’inflation est considéré comme transitoire. C’est la conviction des banques centrales. Celle-ci est partagée par les prévisionnistes : le consensus prévoit une baisse de l’inflation dans le courant de 2022. L’enquête de la BCE auprès des analystes monétaires ainsi que celle de la Réserve fédérale américaine auprès des opérateurs de marché vont dans le même sens.

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Illustration Edito 21.36

« Market timing », borne zéro et assouplissement quantitatif

Une opération réussie de market timing entre actions et liquidités suppose un niveau de compétence élevé. Un pré-requis qui s’accentue avec la grande faiblesse des taux directeurs, par leur impact sur les taux du marché, qui dissuade les investisseurs de recourir à ce type d’opération. Il en est de même de l’assouplissement quantitatif. Ces questions jouent un rôle important du point de vue de la stabilité financière. La frilosité de plus en plus grande des investisseurs à l’égard de ces opérations réduit probablement la volatilité des marchés actions et conduit à un accroissement de la valorisation. Or, une moindre volatilité crée un sentiment de sécurité fictif tandis qu’une valorisation des actions plus élevée renforce la sensibilité aux mauvaises nouvelles et, par conséquent, le niveau de risque.

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FED

Marché des Treasuries : prudence !

Le repli significatif des rendements des obligations d’État américaines par rapport au pic atteint à la fin mars laisse perplexe au vu des prévisions de croissance et des données récentes sur l’inflation. Ce recul semble indiquer que les investisseurs se rangent à l’avis de la Fed, selon laquelle l’inflation va baisser. Il reflète également le ralentissement des données de ces dernières semaines, laissant supposer que les marchés accordent plus d’importance à la variation du taux de croissance qu’à son niveau. La sensibilité des rendements obligataires aux données économiques évolue par cycles. Comme par le passé, une politique monétaire américaine moins accommodante pourrait venir renforcer cette sensibilité car ces données façonneront les anticipations de politique [monétaire] plus restrictive ou non. Auparavant, elle pourrait être accrue par une inflation durablement supérieure à l’objectif du FOMC en 2022.

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EcoTV 20210311

Les turbulences du marché obligataire : causes et conséquences

Ces derniers mois, les rendements des Treasuries se sont envolés sous l’effet de l’augmentation des anticipations d’inflation. Plus récemment, cependant, la hausse des taux réels a été le principal facteur de la poussée des taux américains, une hausse qui s’explique, à son tour, par la perspective d’une nouvelle relance budgétaire massive.

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Bonds

États-Unis : la remontée des rendements obligataires doit-elle inquiéter les investisseurs en actions ?

Jusqu’à une date récente, la hausse des taux d’intérêt à long terme n’a pas empêché le marché actions de grimper, mais à en juger par les évolutions de la semaine, l’inquiétude semble gagner les investisseurs. L’impact potentiel de la remontée des taux obligataires sur les cours des actions dépend des facteurs à l’origine de cette augmentation : accélération de la croissance, baisse de l’incertitude, hausse des anticipations d’inflation. Ce dernier facteur est le plus délicat car il pourrait entraîner une réévaluation en profondeur des perspectives de politique monétaire. Au cours des deux dernières décennies, la relation entre la hausse des taux et le marché actions n’a pas été significative d’un point de vue statistique, ce qui s’explique entre autres par l’approche gradualiste de la politique monétaire. Comme le montrent ses déclarations récentes, Jerome Powell sait parfaitement combien il est important de ne pas prendre le marché par surprise.

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Wall Street

Acheter des options d’achat comme on joue à la loterie : quelles implications ?

D’après la littérature académique, certains investisseurs utilisent les actions ou les options d’achat comme s’ils jouaient à la loterie. Ils savent qu’ils peuvent perdre leur mise mais espèrent empocher des gains substantiels. Les événements récents sur le marché actions américain illustrent cette idée. La combinaison d’un comportement grégaire et d’une liquidation forcée des positions courtes a entraîné une grande volatilité. Si ce phénomène devenait récurrent, l’efficacité informationnelle des cours des actions serait moindre, la prime de risque exigée augmenterait et cela influencerait le coût du capital des entreprises.

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Dollar/euro

Le fléchissement (sans) surprise du dollar et ce qui pourrait entraîner un changement de direction

Ces derniers mois, le dollar US s’est affaibli face à l’euro tandis que l’écart entre les rendements obligataires réels des bons du Trésor américain et du Bund allemand s’est creusé. Parmi les facteurs à l’oeuvre, la politique de la Réserve fédérale est cruciale car elle influence les flux de capitaux à partir des Etats-Unis et le comportement des investisseurs de la zone euro. Le plus grand risque pouvant entraîner un changement de direction serait un nouvel épisode du « taper tantrum » de 2013, lorsque la Réserve fédérale évoquait un début de normalisation de sa politique monétaire. Cependant, il ne faut pas s’attendre de sitôt à un tel changement d’orientation.

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Bonds

Surprenant découplage entre les rendements des taux longs américains et allemands

Les rendements des Treasuries et du Bund ont tendance à être fortement corrélés mais, depuis la fin août 2020, ceux du taux long allemand se sont pour l’essentiel stabilisés tandis que les rendements des taux longs américains ont augmenté.Cet élargissement du spread s’explique par une hausse du différentiel de taux réels, en grande partie due à la baisse des rendements réels allemands.Cela pourrait traduire un plus grand pessimisme des investisseurs obligataires à l’égard des perspectives de croissance en Allemagne et, par extension, dans la zone euro. L’autre interprétation, plus probable, est que la prime de risque de taux réels a baissé en Allemagne suite aux achats d’actifs effectués par la Banque centrale européenne. Dans ce cas, l’inquiétude des investisseurs va grandir à l’idée qu’une fois la pandémie passée, la BCE devra mettre un terme à ses achats nets dans le cadre du PEPP.

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Public debt

Les raisons de l’importance du niveau d’endettement public – Le point de vue des marchés financiers

Dorénavant, la lutte contre les récessions incombera très probablement aux États, une tâche qui sera facilitée par les conditions de financement bon marché créées par les banques centrales. En conséquence, l’endettement public pourrait-il rester élevé. Il convient, toutefois, d’appréhender les éventuelles conséquences négatives. Le coût de la dette au travers de la prime de risque souverain constitue un canal de transmission possible. Un autre facteur peut également jouer un rôle. Depuis 2015, on note qu’en cas de remontée des rendements obligataires allemands, la hausse des taux longs italiens est encore plus forte –le spread s’élargit- tandis que celle des rendements français reste en ligne avec les taux allemands. Ceci montre que, même dans un contexte d’achats de titres du secteur public par la BCE, le niveau élevé de la dette italienne influence la réaction aux hausses des rendements du Bund. À l’évidence, en l’absence d’assouplissement quantitatif, on pourrait s’attendre à ce que cet impact soit au moins aussi fort.

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Wall Street

Marché actions et marché du travail aux États-Unis : deux mondes opposés ?

Aux États-Unis, le comportement du marché actions, par rapport au niveau d’emploi, au cours de la récession actuelle, diffère des crises précédentes. La récession de 2020 se distingue par sa soudaineté et des pertes d’emplois considérables, rapidement suivies d’un rebond significatif, quoique très incomplet. Après un dévissage massif, le marché actions a rapidement rebondi et enregistré de nouvelles envolées alors même que le rebond des bénéfices – sur la base d’une moyenne mobile de douze mois – se fait toujours attendre. Pour 2021, la croissance bénéficiaire importe plus que tout autre chose.

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